mars 2023

Comment limiter les tensions avec les parents d’élèves ? Et éviter le plus possible les conflits…

Lis attentivement ce qui suit mais surtout télécharge le kit du débutant !  Les conflits parents/enseignants sont là dans toutes les écoles. Ce n’est pas un fait nouveau. On pourrait croire qu’à « l’école d’autrefois » ils n’existaient pas, mais c’est une illusion. Ils étaient bien là aussi mais étaient marginaux et n’allaient pas aussi loin.  Il y avait une adhésion générale de la société au modèle éducatif et il était normal d’exiger de son élève, de son enfant, qu’il rentre « dans le moule ». Les bons enseignants avaient de l’autorité et faisaient respecter la discipline. Ils donnaient du travail à faire à la maison et des punitions. Les parents pouvaient très mal le vivre mais ils râlaient dans l’intimité et n’allaient pas jusqu’à contester ouvertement l’institution. Les enfants pouvaient être très malheureux mais ils avaient toute confiance en l’avenir. L’école les placerait dans la voie qui leur conviendrait. Il fallait donc serrer les dents car l’avenir était assuré.  Oui, mais voilà… Les crises sociales et économiques se sont succédées à la fin des années 70 suite aux chocs pétroliers et l’avenir n’a plus été assuré, petit à petit. Des facteurs sociaux sont venus se rajouter. La mondialisation a rendu le monde dans lequel on vivait, concurrentiel et insécure pour les plus fragiles et même pour la classe moyenne.  Cela suffit-il à expliquer la montée des tensions dans les écoles ?  Et bien oui. La vie des parents s’est complexifiée et celle de leurs enfants aussi : divorces, familles recomposées, parents « solos », transports bondés, stress au travail, environnement sanitaire et social anxiogène. Leur stress rejaillit sur toi, ta classe et même ton école. Ils en veulent à l’institution de ne pas les protéger aussi bien qu’avant, et donc à toi. Les critiques de l’école sont vives dans les médias et ils ont peur que le bien-être de leurs enfants à l’école ne soit pas garanti.  Existe-t-il des attitudes à adopter pour limiter les altercations avec les familles ? Et bien oui.  ÉTAPE 1 : METS-TOI A À LA PLACE DES PARENTS Ils veulent la réussite de leurs petits. Rien d’autre !  Écoute à l’occasion leurs plaintes et rassure-les sur le fait que tu seras à leurs côtés et aux côtés de leur enfant pour qu’il s’en sorte le mieux possible dans une ambiance la plus sereine possible.  ÉTAPE 2 : NE COMMUNIQUE PAS PAR COURRIEL Tu penses être plus rapide et plus efficace en communiquant par courriel ? T’épargner un rendez-vous ?  Or en choisissant de communiquer de cette manière tu te rends disponible à l’infini et peux très rapidement être envahi(e). Contre-productif au final.  Sois accessible au portail pendant les entrées et sorties des élèves. Rien ne vaut 5 minutes d’un échange informel pour dénouer une incompréhension, une tension voire un conflit.  Consulte les collègues qui connaissent les familles et pourront te conseiller des attitudes ou postures efficaces.  ÉTAPE 3 : UTILISE LE CAHIER DE LIAISON MAIS PAS DE NARRATION ANGOISSANTE Reste courtois(e) et distant(e). Neutre.  – N’écris que pour demander des rendez-vous ! Garde un ton courtois et utilise des tournures de politesse. – Ne pose pas par écrit ce que l’élève a fait de travers… Même si le parent te soutient officiellement, il se sentira agressé par ce que tu écris. Les écrits font plus de mal que les propos oraux. Ils restent et engendrent du ressassement. En posant à l’écrit le comportement inapproprié de l’enfant, tu leur renvoies une image dégradée de leurs principes éducatifs ou de leur efficacité. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas en parler ; mais pas comme cela. En rendez-vous ou équipe éducative quand c’est grave ou récurrent. Pense à appeler le psychologue scolaire de ton secteur pour qu’il te conseille face à ce genre de situation.  ÉTAPE 4 : SOIS ACTIF/VE ET PROACTIF/VE Les médias véhiculent une image de l’école très dégradée : violences, harcèlement, décrochage scolaire, insécurité, échecs scolaires, sélection qui ne dit pas son nom, sans adaptation aux besoins de tous ceux qui ne sont ni scolaires ni calmes… Les parents ont des doutes sur l’efficacité des enseignant(e)s et de leurs méthodes. Pour peu que leur enfant ne soit pas « typique », la méfiance sera de mise.  Dès la réunion de rentrée, montre que tu gères le cadre (le collectif) mais que tu ouvres la porte aux adaptations : méthodes actives, travail en projets, tutorat et entraide, différenciation pédagogique…  Montre ton souci d’aider ceux qui n’y arrivent pas.

Comment limiter les tensions avec les parents d’élèves ? Et éviter le plus possible les conflits… Lire la suite »

Comment attirer et surtout garder l’attention de tes élèves ?

Tu as remarqué que parfois c’est difficile d’avoir des élèves concentrés. Ils n’écoutent pas, ils décrochent, ils jouent avec un bout de gomme, discutent avec le copain. Tu as aussi remarqué que se fâcher ou crier ne sert à rien ou amène parfois un peu de calme, ou un court répit mais ne règle pas le problème. Et plus tes élèves sont jeunes, plus le problème est fréquent. C’est normal: plus on est petit plus le temps de concentration est court et difficile et en particulier avec des groupes surchargés. Ne te lamente pas. Il y a des solutions. Si tu réfléchis bien ça t’arrive à toi aussi. Peut-être même en formation !  Les capacités d’attention et de concentration sont régulièrement mises à mal chez tes élèves. Aide-les ! Conseil n°1 : Varie les activités, rythme les journées. Que se passe-t-il si une activité est trop longue ? Tes élèves s’ennuient, se déconcentrent, sont partis dans leurs pensées, baillent, s’amusent, se dissipent… Une des problématiques des enseignants débutants c’est justement la gestion du temps. Si tu débutes, tu veux bien faire, tu n’as pas une idée très précise du temps nécessaire pour les activités choisies et tu as le syndrome de la peur du manque. Alors tu prévoies beaucoup trop d’activités pour une même séance. Et comme tu les as prévues et que tu as aussi le syndrome de « j’ai terriblement peur de ne pas finir le programme » et bien tu les passes en force tes activités. Coûte que coûte. Même si ta séance de 45 minutes de géographie dure finalement 2 heures. As-tu observé tes élèves ? Es-tu sûr(e) que ce temps si long soit efficace ? Alors notre premier conseil est : STOP ! Garde un œil sur la pendule et autorise-toi à écourter cette séance trop longue en respectant le temps initialement prévu ! Tu gardes ce qui reste pour la séance suivante. ET tu ne supprimes pas l’art plastique ou le sport sous prétexte que tes élèves devaient faire les 12 exercices sur les fractions. Tu choisis des activités variées, courtes, en changeant de modalités tout au long de la journée. Fais donc très attention à l’emploi du temps, structure-le. Et au fait, une petite question qui tue : tes élèves sont plus attentifs si tu leur proposes une activité intéressante ou une activité ennuyeuse ? Voilà donc une autre solution qui pointe son nez…  Conseil n°2 : Propose des activités intéressantes et motivantes, rends tes élèves actifs. Encore une petite erreur de débutant : le bavardage. Non pas celui de tes élèves. Le tien. Quand on débute on parle trop. Si tu chronomètres ton temps de parole et celui de tes élèves, tu risques d’être surpris(e). On ne va pas y aller par quatre chemins. Tais-toi, au moins de temps en temps. Laisse-les parler. Laisse-les travailler et participer. ET profites-en pour reposer tes cordes vocales ! Les temps en collectif sont aussi très dangereux, car seulement quelques élèves participent (toujours les mêmes !) pendant que les autres sont passifs. Certains écoutent (en es-tu sûr(e) ?), d’autres dorment…Pour améliorer ce temps nécessaire, pense à ne pas interroger toujours les mêmes, et rend tout le monde actif : mises en commun bien gérées (lis notre article sur les mises en commun pour éviter une correction au tableau très ennuyeuse), réponses sur ardoise (tout le monde doit réfléchir)… ET pour avoir davantage de chances d’attirer l’attention de tout ce petit monde, prévois des activités motivantes. Observe tes élèves, prends note de ce qui leur plait, lance des petits défis, change régulièrement les modalités de travail. C’est prouvé, l’attention est meilleure quand l’intérêt est plus élevé. On le sait tous. Alors si dans la journée tu vois que tes élèves s’ennuient, analyse ce que tu as proposé et essaye de réfléchir à ce que tu pourrais transformer pour que ce soit plus palpitant. Quand tu vois que l’attention décroit, tu peux aussi les faire bouger, se déplacer (travail en groupe avec changement de place). Conseil N°3 : Offre-leur une pause. Propose des pause actives ou brain breaks en anglais. Ces petites pauses calment, préparent aux apprentissages, aident à l’attention, restimulent notre pensée. Alors pourquoi s’en priver ? Il faut bien doser la durée de ces petits moments, assez longs pour faire une vraie pause, mais assez courts pour rester focus sur les apprentissages. Il y a plein de possibilités, tu peux utiliser ton imagination ! Les élèves adorent ! Tu peux proposer une musique relaxante, laisser un court temps de lecture libre, pratiquer une autre langue, chanter une chanson, encore mieux une chanson avec des gestes, danser, faire des percussions corporelles, des petits jeux… En effet, la fameuse pause active pour permettre aux enfants de bouger semble avoir une réelle efficacité. 5 minutes de plaisir, au cours de la journée quand le besoin s’en ressent, en transition pour repartir du bon pied pour la séance suivante. Trouve plein d’idées de brain breaks sur  https://www.gonoodle.com/

Comment attirer et surtout garder l’attention de tes élèves ? Lire la suite »

Comment passer efficacement une consigne ? L’art et la manière de capter l’attention…

Lis attentivement ce qui suit mais surtout télécharge le kit du débutant !  Les élèves sont rentrés chez eux. Tu es revenu(e) dans ta classe car tu as des piles de cahiers à corriger. Et là, cruelle déception ! Des monceaux d’erreurs, des paquets de faussetés, des « à peu près » insupportables… Comment est-ce possible ? Est-ce qu’ils ont compris ce que tu avais demandé ? Ont-ils écouté ? Pourquoi certains font-ils autre chose que ce que tu avais demandé ?  Et si ta consigne n’était pas aussi claire que cela… C’est quoi une consigne bien passée ? C’est une consigne explicitée avec précision en y consacrant le temps nécessaire. Dite de vive voix, elle est aussi écrite. Répétée plusieurs fois, par toi, par au moins 2 élèves, réajustée une dernière fois avant de se lancer dans le travail. C’est quelque chose de directif, guidé mais accompagné ! A l’impératif pour mieux garder l’attention. Ouverte à l’Autre aussi.  C’est une consigne qui respecte des principes et des étapes C’est une commande que passe l’enseignant(e) à ses élèves. Comme toute demande, il faudrait s’assurer que l’Autre est en situation de la recevoir. D’après Stanislas Dehaene et les neurosciences, l’efficacité scolaire d’un enfant est liée à son attention. C’est sa capacité à être attentif qui va déterminer sa vitesse de travail et son efficacité.  ÉTAPE 1 : MISE EN ALERTE Assure-toi donc de l’attention de tout ton groupe-classe ! Silence absolu quand tu passes la consigne. Théâtralisation pour capturer l’attention. Mise en alerte comme le dit le psychologue américain Michael Posner.  ÉTAPE 2 : COMPRÉHENSION DU BUT (UN SEUL BUT !) Très, très peu d’enseignant(e)s pensent à expliciter pour quelles raisons ils donnent un exercice à faire. Cela semble tellement évident qu’ils pensent pouvoir se l’épargner. Alors ils ne le disent pas et les enfants ne comprennent pas où les mène l’exercice et se déconcentrent. Pas tous heureusement. Mais un certain nombre.  D’où les bêtises retrouvées sur les cahiers… Si tu donnes un exercice d’orthographe à ta classe, dis à tes élèves pour quelles raisons tu le fais. Est-ce pour corriger l’orthographe dans une production d’écrit ? Est-ce pour avoir de meilleures capacités pour écrire à quelqu’un ?  Explicite pour quelles raisons c’est important de savoir écrire sans enfiler les erreurs orthographiques comme des perles sur un collier ! Tu penses que c’est une perte de temps ? Sache que seuls les élèves issus des milieux favorisés sont en capacité de se rendre compte seuls de l’intérêt des tâches scolaires. Simplement parce que leurs parents ont déjà fait ce travail d’explicitation ! ÉTAPE 3 : EXPLICITATION DE L’OBJECTIF Dis-leur ce que tu veux obtenir. Par exemple : « aujourd’hui, vous allez faire un exercice de conjugaison sur le passé simple. J’ai besoin de savoir si vous savez correctement orthographier les terminaisons des verbes des 3 groupes. Vous aurez un travail de révision à faire en fonction de vos erreurs. Ce ne sera pas le même travail pour tous. Tout va dépendre de vos erreurs. Cela nous servira pour rédiger notre production d’écrit qui contient parfois trop d’erreurs à ce niveau-là». ÉTAPE 4 : EXPLICITATION DE LA PROCÉDURE Clarté et précision pour les étapes du travail. Il faut tout dire. « D’abord, vous allez lire ça, puis écrire ça, puis… ». Et surtout écris-le quelque part et montre d’une manière ou une autre comment le travail avance. Bref, sois très très guidant(e).  Donne le tempo. Quand faut-il avoir terminé ? Chaque étape dure combien ? … Tu es le maître/la maîtresse des horloges ! ÉTAPE 5 : EXPLICITATION DES CRITÈRES DE RÉUSSITE Si tu as un travail à réaliser, un mémoire à écrire par exemple pour ton master, une lettre de motivation pour trouver un travail, tu cherches des modèles, des exemples de travaux réussis. Alors, pourquoi oublier cette stratégie quand on est face à nos jeunes élèves ? Montre-leur un début d’exercice, un exemple de cahier avec la bonne présentation, la façon de faire attendue… De plus, tous les travaux où la collaboration entre pairs est permise, où un espace de créativité existe, sont plus motivants pour les élèves. Ceux où l’on sait que l’on trouvera de l’aide et de la bienveillance aussi.  Et c’est prouvé par la science tout ça ? Oui. Par les neurosciences avec Stanislas Dehaene. Par la psychologie avec Michael Posner. Et par tous les travaux de recherche pédagogique menés actuellement sur l’enseignement explicite. 

Comment passer efficacement une consigne ? L’art et la manière de capter l’attention… Lire la suite »