Comment passer efficacement une consigne ? L’art et la manière de capter l’attention…

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Les élèves sont rentrés chez eux. Tu es revenu(e) dans ta classe car tu as des piles de cahiers à corriger. Et là, cruelle déception ! Des monceaux d’erreurs, des paquets de faussetés, des « à peu près » insupportables… Comment est-ce possible ? Est-ce qu’ils ont compris ce que tu avais demandé ? Ont-ils écouté ? Pourquoi certains font-ils autre chose que ce que tu avais demandé ? 

Et si ta consigne n’était pas aussi claire que cela…

C’est quoi une consigne bien passée ?

C’est une consigne explicitée avec précision en y consacrant le temps nécessaire. Dite de vive voix, elle est aussi écrite. Répétée plusieurs fois, par toi, par au moins 2 élèves, réajustée une dernière fois avant de se lancer dans le travail. C’est quelque chose de directif, guidé mais accompagné ! A l’impératif pour mieux garder l’attention. Ouverte à l’Autre aussi. 

C’est une consigne qui respecte des principes et des étapes

C’est une commande que passe l’enseignant(e) à ses élèves. Comme toute demande, il faudrait s’assurer que l’Autre est en situation de la recevoir. D’après Stanislas Dehaene et les neurosciences, l’efficacité scolaire d’un enfant est liée à son attention. C’est sa capacité à être attentif qui va déterminer sa vitesse de travail et son efficacité. 

ÉTAPE 1 : MISE EN ALERTE

Assure-toi donc de l’attention de tout ton groupe-classe ! Silence absolu quand tu passes la consigne. Théâtralisation pour capturer l’attention. Mise en alerte comme le dit le psychologue américain Michael Posner. 

ÉTAPE 2 : COMPRÉHENSION DU BUT (UN SEUL BUT !)

Très, très peu d’enseignant(e)s pensent à expliciter pour quelles raisons ils donnent un exercice à faire. Cela semble tellement évident qu’ils pensent pouvoir se l’épargner. Alors ils ne le disent pas et les enfants ne comprennent pas où les mène l’exercice et se déconcentrent. Pas tous heureusement. Mais un certain nombre. 

D’où les bêtises retrouvées sur les cahiers… Si tu donnes un exercice d’orthographe à ta classe, dis à tes élèves pour quelles raisons tu le fais. Est-ce pour corriger l’orthographe dans une production d’écrit ? Est-ce pour avoir de meilleures capacités pour écrire à quelqu’un ? 

Explicite pour quelles raisons c’est important de savoir écrire sans enfiler les erreurs orthographiques comme des perles sur un collier ! Tu penses que c’est une perte de temps ? Sache que seuls les élèves issus des milieux favorisés sont en capacité de se rendre compte seuls de l’intérêt des tâches scolaires. Simplement parce que leurs parents ont déjà fait ce travail d’explicitation !

ÉTAPE 3 : EXPLICITATION DE L’OBJECTIF

Dis-leur ce que tu veux obtenir. Par exemple : « aujourd’hui, vous allez faire un exercice de conjugaison sur le passé simple. J’ai besoin de savoir si vous savez correctement orthographier les terminaisons des verbes des 3 groupes. Vous aurez un travail de révision à faire en fonction de vos erreurs. Ce ne sera pas le même travail pour tous. Tout va dépendre de vos erreurs. Cela nous servira pour rédiger notre production d’écrit qui contient parfois trop d’erreurs à ce niveau-là».

ÉTAPE 4 : EXPLICITATION DE LA PROCÉDURE

Clarté et précision pour les étapes du travail. Il faut tout dire. « D’abord, vous allez lire ça, puis écrire ça, puis… ». Et surtout écris-le quelque part et montre d’une manière ou une autre comment le travail avance. Bref, sois très très guidant(e). 

Donne le tempo. Quand faut-il avoir terminé ? Chaque étape dure combien ? … Tu es le maître/la maîtresse des horloges !

ÉTAPE 5 : EXPLICITATION DES CRITÈRES DE RÉUSSITE

Si tu as un travail à réaliser, un mémoire à écrire par exemple pour ton master, une lettre de motivation pour trouver un travail, tu cherches des modèles, des exemples de travaux réussis. Alors, pourquoi oublier cette stratégie quand on est face à nos jeunes élèves ? Montre-leur un début d’exercice, un exemple de cahier avec la bonne présentation, la façon de faire attendue…

De plus, tous les travaux où la collaboration entre pairs est permise, où un espace de créativité existe, sont plus motivants pour les élèves. Ceux où l’on sait que l’on trouvera de l’aide et de la bienveillance aussi. 

Et c’est prouvé par la science tout ça ?

Oui. Par les neurosciences avec Stanislas Dehaene. Par la psychologie avec Michael Posner. Et par tous les travaux de recherche pédagogique menés actuellement sur l’enseignement explicite