septembre 2022

Comment faire d’une dictée un réel moment d’apprentissage ?

La dictée… En voilà un exercice qui a traumatisé des générations entières d’écoliers français. Que de crises de nerfs pour parvenir à retenir des mots tordus par une orthographe irrégulière. Que de souffrance pour mémoriser des règles de syntaxe alambiquées. Que de cauchemars à l’idée de devoir annoncer à ses parents un zéro de plus ou une mauvaise note. Et puis se faire gronder et punir. Que d’incompréhensions alors qu’on se sait intelligent face à une école qui se contentait d’évaluer et qui répétait qu’il suffisait d’apprendre ses leçons ! Que de déceptions dans les yeux des parents face à un cahier tendu sur lequel on ne voit plus que le rouge du stylo de l’enseignant(e). Tu crois que ces temps sont révolus ? Il semblerait bien que non. Visiblement nos petits écoliers sont encore phobiques de cet exercice. Mais pourquoi ont-ils encore si peur ? En fait, cet exercice est particulier. Il a un poids symbolique lourd. Ne pas avoir une bonne orthographe est un handicap social réel et tous, nous intégrons très tôt qu’écrire avec des fautes est une tare. D’ailleurs on parle de « fautes ». Fauter c’est grave. Répréhensible même. La barre est donc placée très haut et, au final, la pression est bien présente. Mais ce n’est pas terminé… La dictée est un exercice atypique qui convoque plusieurs sens à la fois et oblige à une grande concentration. Il faut savoir écouter l’enseignant(e) qui dicte mais il faut bien entendre aussi. Entendre la prononciation qui donne des indications. Ces liaisons qui disent certains accords par exemple. Il faut comprendre le texte. Si l’enfant ne comprend pas, il va avoir du mal à se concentrer sur son écriture. Il faut ensuite convertir l’audio en visuel. Mais là les enfants sont encore très inégaux. Il y a ceux qui écrivent mal mais suivent le rythme et aussi ces scripteurs lents (et pourtant assez bons en orthographe) mais qui lâchent en raison d’un manque de fluidité du stylo et d’une crispation de la main… Écrire dans les temps ! L’horreur pour certains… Et évidemment il y a tous ceux qui ont de réelles difficultés. Que de déceptions pour les professeur(e)s face à ces piètres rendus. Alors comment casser la chaine du malheur et faire de cet exercice un réel apprentissage ? En ne laissant plus les élèves seuls face à leur cahier, en les épaulant mais surtout en misant sur l’entraide et le tutorat. En inventant une routine avec une recherche active et un adulte qui sait se mettre en retrait pour laisser s’exprimer les élèves sur ce qu’ils savent déjà. Peut-être aussi en évaluant de façon positive en signalant les progrès plus que les erreurs. Voici une proposition pour que la mayonnaise prenne. A renouveler le plus souvent possible si tu veux que tes élèves deviennent des champions de l’orthographe ! Les ingrédients – Une dictée du niveau de sa classe (assez courte !) – Une dictée logique au regard de ta progression de classe en grammaire et vocabulaire – Des feuilles de brouillon – Des affiches – Une feuille pour le jet final – Des dictionnaires, les cahiers de références, les affichages… La recette 1) Mets une bonne dose de challenge Hourras et bravos pour le groupe qui aura écrit la dictée sans se tromper ! 2) Rajoute une pincée d’explicitation : 5 minutes Hourra et bravo à l’enseignant(e) qui rend claires ses démarches ! Présente le planning de travail à la classe avec toutes les étapes de la séance Fais une affiche-planning que tu affiches à chaque fois que tu travailles une dictée 3) Commence à travailler la pâte : 5 minutes Hourra et bravo à la maîtresse et au maître qui ont compris qu’il faut toujours travailler en individuel avant de travailler en groupes Dicte le texte à tes élèves Fais travailler chaque élève sur son brouillon Un petit tuyau : enregistre-toi en format MP3 en train de dicter le texte. Avec des tablettes et un casque audio, les plus lents, les plus perfectionnistes peuvent tout écrire sans que tu aies à répéter ! 4) Laisse mijoter à feu doux : 15 minutes Les groupes trouvent la bonne orthographe du texte par le débat et la discussion. Circule pour t’assurer qu’ils travaillent tous et donnent un petit coup de main à l’occasion. Mais petit ! Laisse-leur les outils de classe à disposition (dictionnaires, cahier de références, manuels de grammaire, affichages références…) Petite astuce pour plus tard : Que dirais-tu de coller côte à côte le jet de départ de l’élève à celui d’arrivée ? Que de progrès à souligner. Que de chemin parcouru ! Que de hourras et bravos à donner ! 5) Enfourner Fais recopier la dictée de chaque groupe sur une affiche Colle le tout au tableau Surtout laisse reposer : au moins 24 heures. Tu y reviendras plus tard. 6) Servir tiède (15 minutes) Déclare les débats ouverts ! Fais discuter chaque groupe sur les choix qu’il a fait et conduis-les à comprendre d’où viennent les choix des autres. Recours aux règles apprises, aux affichages références, aux dictionnaires. A tout ce qui donne une preuve. 7) Ne pas hésiter à se resservir (15 minutes) Demande à chacun de recopier le texte bien orthographié dans son cahier de français en soignant sa graphie et sa présentation. C’est une autre étape de la mémorisation. Colle une version numérique juste au-dessous (pour le revoir à la maison au propre et sans aucune erreur) Au fait, ne parle plus de fautes d’orthographe mais d’erreurs. Tout de suite, c’est plus léger. Et rappelle-toi : « l’erreur est un outil pour enseigner » (Jean Pierre Astolfi) Plus de conseils sur notre kit !

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Mais que dois-je faire quand ils n’écoutent rien ???

Plutôt que de crier, de te désespérer ou pire de pleurer, teste ces petites astuces… Parfois ça sera insuffisant, parfois il restera un récalcitrant, mais souvent ça marchera ! Car tu l’as bien compris, crier ne sert à rien…Et ça peut même générer…plus de bruit, plus de cris, plus d’agitation ! – Tu es en maternelle, il est l’heure de ranger…Mais tout le monde s’en fiche ! Tu as beau t’égosiller, ils continuent tranquillement à jouer, sans te jeter le moindre regard, comme si tu n’existais pas. De toutes façons ils font tellement de bruit qu’ils ne t’entendent pas. Respire un grand coup ! Fais du rangement un jeu ! Montre l’exemple, demande-leur de l’aide, valorise-les en les félicitant, organise des petits défis (la table la plus rapidement rangée par exemple) et fais participer tout le monde ! Gère leur frustration en disant qu’ils pourront finir plus tard. Accepte que ce ne soit pas parfait, accepte que certains ne rangent pas, tout ça s’apprend, et le secret de la maternelle c’est de prendre le temps. – C’est l’heure du moment collectif au coin regroupement. Et c’est reparti ! Quelques enfants ne veulent pas venir s’asseoir ! Et te voilà en train de supplier, de répéter, et peut-être un petit peu de t’énerver…Tu te lèves, tu vas chercher le/la petit(e) qui a décidé de te faire tourner en bourrique. Mais rien, aucun effet, il/elle semble scotché(e) au sol. Tu le/la prends par le bras, et comment est-ce possible ? Comment un si jeune enfant est-il capable de déployer une telle force ?? Tu es coincé(e), tu ne vas tout de même pas risquer de faire pleurer ton élève et encore moins de lui arracher un bras ! Au lieu de t’acharner sur cet élève – je te rappelle que tous les autres sont assis, que tu ne les regardes pas et qu’ils s’ennuient. Je te rappelle aussi qu’ils ont plein d’imagination quand ils s’ennuient. D’ailleurs, y’a pas un peu d’agitation tout d’un coup au coin regroupement ? – donc au lieu de t’acharner et de perdre lamentablement face à un petit bout au caractère déjà bien affirmé, va t’asseoir au coin regroupement avec les autres et ne t’occupe plus de lui. Raconte une histoire à voix basse, la curiosité et la frustration devraient vite ramener le petit rebelle sur les bancs. Bon ok, parfois le rebelle est coriace, il faudra peut-être insister davantage et s’armer de patience, mais essaye, souvent c’est incroyablement efficace. – Ils sont enfin assis, les gouttes de sueur perlent sur ton front. Tu tentes de te souvenir pourquoi tu rêvais tellement de faire ce métier. Parce que là en ce moment, ils s’agitent, se tapent, se disputent, rigolent, se tirent la langue ou les cheveux, pleurent, se lèvent, changent de place, se mettent à plat ventre par terre et commencent à ramper entre les jambes des copains qui commencent à hurler à leur tour. Tu crois qu’on est en plein délire ? Bon ok ça n’arrive pas toujours, mais tout ça est fort possible ! Tu veux dire quelque chose mais tu vois bien que c’est peine perdue. Encore une fois tu n’existes plus. Tu élèves la voix ? Ils ne s’entendent plus, alors ils parlent encore plus fort ! Tu dois capter leur attention, coûte que coûte. Sors un sac au trésor, approche-toi de quelques-uns et dis-leur que tu as apporté une surprise, ou mets de la musique et commence à chanter, ou encore fais des percussions corporelles…intrigués, certains t’observeront, t’imiteront et ça fera boule de neige…en quelques secondes tu auras tes élèves avec toi. Profites-en pour placer un petit rituel : combien en faut-il quand on est sur les bancs ? Il en faut 5 (doigts). Et on compte : 1 pour être assis correctement, 2 pour avoir tous les yeux, 3 pour avoir toutes les oreilles grandes ouvertes, 4 pour avoir toutes les bouches fermées, 5 pour avoir les mains posées sur ses genoux. Prêts à écouter ? – C’est l’heure de la salle de motricité. Panique à bord ! Et s’ils couraient comme des fous dans le couloir ? Et s’ils faisaient beaucoup de bruit sans t’obéir ? Et s’ils n’écoutaient rien en arrivant dans cette grande salle ? Ça te rappelle quelque chose ? Alors laisse tomber les remontrances inutiles. Imagine un déplacement silencieux dans le couloir : propose aux enfants de jouer aux espions, il ne faut pas se faire repérer, silence total et sur la pointe des pieds. La prochaine fois ce sera « les petites souris qui doivent être invisibles à cause du gros chat »…Fais-en des tonnes, ça marche. Dans la salle de motricité ? C’est grand, ça résonne, là encore si tu forces sur tes cordes vocales pour avoir le silence, c’est raté d’avance. Essaye d’aller t’asseoir par terre au milieu de la pièce, sans rien dire. En quelques minutes tu auras une flopée de petits poussins collés à toi prêts à t’écouter. Car…. – Une consigne ne se passe jamais dans le bruit. Jamais. Quel que soit l’âge. Ne parle pas en couvrant les voix de tes élèves. Au contraire, parle tout doucement pour qu’ils soient obligés de se taire pour écouter. J’ai aussi vu des enseignants allumer la lumière, ça détourne leur attention et ça marche. La petite musique de relaxation aussi. – Enfin, n’oublie jamais : tout cela se travaille, c’est parce que tu vas travailler ces règles avec eux, parce que tu vas les féliciter pour leur comportement que ça s’améliorera. C’est parce que tu vas apprendre à les observer, à reconnaître le moment où ça peut dégénérer, que tu pourras désamorcer la crise, en changeant d’activité, en proposant un moment musical, une petite relaxation ou tout simplement un tour dehors. Ne te décourage pas, c’est normal au début d’être désarmé face à un groupe d’enfants (demande aux parents s’ils arrivent toujours à gérer leurs 2 enfants ? Non, bien sûr. Toi tu dois en gérer 20, 25 ou même 30. En

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Comment motiver tes élèves tout au long de l’année ? Conseils et astuces.

Tu viens de découvrir tes élèves et tu essayes de te souvenir de leur prénom et de faire connaissance. Tu as déjà quelques renseignements (niveau, comportement, spécificité) le tout assorti de quelques recommandations bien utiles pour démarrer sereinement. Ne pas mettre X à côté de Y, bavard(e) invétéré(e), désordonné(e)… Évidemment tu te projettes et tu te questionnes sur ta capacité à emporter ton groupe vers le savoir, à enrôler les élèves, à les motiver. Est-ce qu’il existe des techniques ou des stratégies voire des dispositifs qui captent l’attention des élèves et garantissent la motivation tout au long de l’année ? L’ennui, le manque de sens et de bienveillance du professeur et/ou du groupe sont les principaux freins à la motivation. Voici quelques conseils pour les éviter. Au passage tu gagneras tout un tas de bons conseils pour gérer ta classe. Pas mal, non ? A. Déculpabilise ! Tu débutes et tu as du mal à poser ton autorité. Pour couronner le tout, tu culpabilises quand tu vois tes élèves s’agiter sur leurs chaises ou faire autre chose que ce que tu as demandé. Certains baillent et cela te retourne le cœur quand tu penses au temps passé à préparer ta séance. Première étape : dis-toi que ce n’est pas de ta faute ! Ils se sont peut-être couchés tard, ont sûrement une vie un peu trépidante à la maison, des soucis, fais du sport intensif la veille au soir… Deuxième étape : positive ! Dis-toi aussi que tes erreurs t’apprendront énormément pour le reste de ta carrière. Finalement, c’est de l’autoformation. Ta classe est ton labo et tu testes ! B. Joue sur la motivation intérieure Un(e) élève est motivé(e) par les apprentissages scolaires pour au moins deux raisons. Soit il/elle puise dans sa motivation extérieure soit dans sa motivation intérieure. Elle/Il peut évidemment mélanger les deux ce qui garantit une harmonie. Beaucoup d’élèves issus des milieux favorisés réussissent à l’école grâce à la conjugaison de ces deux motivations. Mais rien de tel que la motivation intérieure pour rester focus sur un projet. C’est là que tu concentreras tes efforts car tu n’as quasiment aucun levier pour t’appuyer sur celle qui provient de l’extérieur. Pour faire la distinction entre les deux, voici quelques précisions. La motivation extérieure ou extrinsèque provient de l’Autre : les parents, l’Institution, la société. Elle pousse l’individu à agir pour le résultat de son action et non pour le plaisir de réussir l’action elle-même. C’est le cas typique de l’enfant qui travaille pour avoir une bonne note. En gros, tes élèves sont motivés pour faire plaisir à leurs parents, pour te faire plaisir, pour réussir dans la vie même s’ils ne savent pas trop ce que cela veut dire à leur âge, pour avoir des diplômes et choisir un bon métier plus tard… C’est une motivation importante car elle fixe un cap et elle te donne des alliés. Si tu t’appuies sur elle et uniquement sur elle, tu devras mettre en place un système de récompenses, de félicitations et de punitions pour garder ton groupe motivé. Mais tu n’auras pas planté la petite graine qui fait que ta classe aura envie de progresser juste pour le plaisir de progresser ! En outre, si tes parents sont issus de milieux défavorisés, s’ils ne parlent pas le français, s’ils ont des problèmes personnels, s’ils portent un discours anti-école à la maison, leur enfant ne puisera pas dans cette source de motivation. Elle/Il sera en panne d’envie scolaire. Et le risque des déviances est là : agitation, refus, repli, inattention, décrochage… La motivation intérieure ou intrinsèque se fonde sur la fierté de bien faire et le plaisir d’apprendre. C’est elle qui marche le mieux avec de enfants jeunes. Pour la déclencher, mets en place des activités qui ont du sens, travaille en projets, sois bienveillante, accepte la coopération entre eux et fais progresser chacun à son niveau. Ne demande pas la même chose à tout le monde! C. Donne du sens aux activités La difficulté à rester attentif nuit à la motivation. Les moments où les élèves attendent patiemment que l’enseignant(e) ait fini de parler pour lever le doigt et faire quelque chose nuisent à l’attention. Et de fait démotive les troupes. Pour capter l’attention, propose des ateliers, des situations de recherche, des travaux de groupes. Les élèves se concerteront, échangeront, s’entraideront. Ils pourront bouger pour manipuler et parler entre eux. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de moments « magistraux » ou « frontaux » mais comme ils seront présents à bon escient, tu seras mieux écouté(e). Ici tu privilégies l’activité de l’élève et non la tienne ! Voici un lien qui résume cette pensée : https://pedagotheque.enpc.fr/2016/05/04/quest-ce-que-la-pedagogie-active/ D. Capte l’attention ! Pour capter l’attention, joue sur le rythme des séances : pense sans arrêt que toute séance ne dure pas plus de 30 minutes chez les plus jeunes et grand maximum 45 chez les plus grands. Au-delà tu perds l’attention et donc… la motivation ! Prévois pour chaque séance un temps individuel, un temps collectif, un moment de recherche, un feed-back. Autre levier efficace : le jeu. A condition qu’il ne cache pas l’objectif de l’apprentissage. Mets donc en place des ateliers ludiques. Pense à alterner moments de recherche et ludiques avec retour au calme et travail sur les cahiers. Les élèves ont besoin de poser à l’écrit ce qu’ils ont appris et sont toujours fiers de conserver une trace de leurs savoirs acquis. E. Instaure un climat de confiance – Encourage tes élèves à tout essayer Le monde de demain est plein d’imprévus. Le numérique a tout révolutionné et bien malin qui pourra dire l’avenir d’un élève désormais. Encourage les élèves à essayer, à tâtonner, à recommencer et à sortir vainqueur des situations-problèmes. Lance-leur des défis ! – Encourage tes élèves à collaborer et à s’entraider Sors du traditionnel exercice sur cahier pour vérifier si tout est compris, corrigé par le prof et collectivement le lendemain. Avec appréciation sur le cahier. Laisse tes

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