Comment motiver tes élèves tout au long de l’année ? Conseils et astuces.

Tu viens de découvrir tes élèves et tu essayes de te souvenir de leur prénom et de faire connaissance. Tu as déjà quelques renseignements (niveau, comportement, spécificité) le tout assorti de quelques recommandations bien utiles pour démarrer sereinement. Ne pas mettre X à côté de Y, bavard(e) invétéré(e), désordonné(e)…

Évidemment tu te projettes et tu te questionnes sur ta capacité à emporter ton groupe vers le savoir, à enrôler les élèves, à les motiver. Est-ce qu’il existe des techniques ou des stratégies voire des dispositifs qui captent l’attention des élèves et garantissent la motivation tout au long de l’année ?

L’ennui, le manque de sens et de bienveillance du professeur et/ou du groupe sont les principaux freins à la motivation. Voici quelques conseils pour les éviter. Au passage tu gagneras tout un tas de bons conseils pour gérer ta classe. Pas mal, non ?

A. Déculpabilise !

Tu débutes et tu as du mal à poser ton autorité. Pour couronner le tout, tu culpabilises quand tu vois tes élèves s’agiter sur leurs chaises ou faire autre chose que ce que tu as demandé. Certains baillent et cela te retourne le cœur quand tu penses au temps passé à préparer ta séance.

Première étape : dis-toi que ce n’est pas de ta faute !

Ils se sont peut-être couchés tard, ont sûrement une vie un peu trépidante à la maison, des soucis, fais du sport intensif la veille au soir…

Deuxième étape : positive !

Dis-toi aussi que tes erreurs t’apprendront énormément pour le reste de ta carrière. Finalement, c’est de l’autoformation. Ta classe est ton labo et tu testes !

B. Joue sur la motivation intérieure

Un(e) élève est motivé(e) par les apprentissages scolaires pour au moins deux raisons.

Soit il/elle puise dans sa motivation extérieure soit dans sa motivation intérieure.

Elle/Il peut évidemment mélanger les deux ce qui garantit une harmonie.

Beaucoup d’élèves issus des milieux favorisés réussissent à l’école grâce à la conjugaison de ces deux motivations. Mais rien de tel que la motivation intérieure pour rester focus sur un projet. C’est là que tu concentreras tes efforts car tu n’as quasiment aucun levier pour t’appuyer sur celle qui provient de l’extérieur.

Pour faire la distinction entre les deux, voici quelques précisions. La motivation extérieure ou extrinsèque provient de l’Autre : les parents, l’Institution, la société. Elle pousse l’individu à agir pour le résultat de son action et non pour le plaisir de réussir l’action elle-même. C’est le cas typique de l’enfant qui travaille pour avoir une bonne note. En gros, tes élèves sont motivés pour faire plaisir à leurs parents, pour te faire plaisir, pour réussir dans la vie même s’ils ne savent pas trop ce que cela veut dire à leur âge, pour avoir des diplômes et choisir un bon métier plus tard… C’est une motivation importante car elle fixe un cap et elle te donne des alliés. Si tu t’appuies sur elle et uniquement sur elle, tu devras mettre en place un système de récompenses, de félicitations et de punitions pour garder ton groupe motivé. Mais tu n’auras pas planté la petite graine qui fait que ta classe aura envie de progresser juste pour le plaisir de progresser !

En outre, si tes parents sont issus de milieux défavorisés, s’ils ne parlent pas le français, s’ils ont des problèmes personnels, s’ils portent un discours anti-école à la maison, leur enfant ne puisera pas dans cette source de motivation. Elle/Il sera en panne d’envie scolaire. Et le risque des déviances est là : agitation, refus, repli, inattention, décrochage…

La motivation intérieure ou intrinsèque se fonde sur la fierté de bien faire et le plaisir d’apprendre. C’est elle qui marche le mieux avec de enfants jeunes. Pour la déclencher, mets en place des activités qui ont du sens, travaille en projets, sois bienveillante, accepte la coopération entre eux et fais progresser chacun à son niveau. Ne demande pas la même chose à tout le monde!

C. Donne du sens aux activités

La difficulté à rester attentif nuit à la motivation. Les moments où les élèves attendent patiemment que l’enseignant(e) ait fini de parler pour lever le doigt et faire quelque chose nuisent à l’attention. Et de fait démotive les troupes.

Pour capter l’attention, propose des ateliers, des situations de recherche, des travaux de groupes. Les élèves se concerteront, échangeront, s’entraideront. Ils pourront bouger pour manipuler et parler entre eux.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de moments « magistraux » ou « frontaux » mais comme ils seront présents à bon escient, tu seras mieux écouté(e).

Ici tu privilégies l’activité de l’élève et non la tienne ! Voici un lien qui résume cette pensée : https://pedagotheque.enpc.fr/2016/05/04/quest-ce-que-la-pedagogie-active/

D. Capte l’attention !

Pour capter l’attention, joue sur le rythme des séances : pense sans arrêt que toute séance ne dure pas plus de 30 minutes chez les plus jeunes et grand maximum 45 chez les plus grands. Au-delà tu perds l’attention et donc… la motivation ! Prévois pour chaque séance un temps individuel, un temps collectif, un moment de recherche, un feed-back.

Autre levier efficace : le jeu. A condition qu’il ne cache pas l’objectif de l’apprentissage.

Mets donc en place des ateliers ludiques. Pense à alterner moments de recherche et ludiques avec retour au calme et travail sur les cahiers.

Les élèves ont besoin de poser à l’écrit ce qu’ils ont appris et sont toujours fiers de conserver une trace de leurs savoirs acquis.

E. Instaure un climat de confiance

– Encourage tes élèves à tout essayer

Le monde de demain est plein d’imprévus. Le numérique a tout révolutionné et bien malin qui pourra dire l’avenir d’un élève désormais. Encourage les élèves à essayer, à tâtonner, à recommencer et à sortir vainqueur des situations-problèmes. Lance-leur des défis !

– Encourage tes élèves à collaborer et à s’entraider

Sors du traditionnel exercice sur cahier pour vérifier si tout est compris, corrigé par le prof et collectivement le lendemain. Avec appréciation sur le cahier.

Laisse tes élèves s’entraider, échanger sur ce qu’ils ont compris, en recherchant dans leurs outils de classe. Tu leur as appris des choses, laisse-les les convoquer pour arriver à faire un exercice en en débattant entre eux. Ainsi, disparaîtra le fameux « sentiment d’impuissance apprise ».

– Travaille en proximité

Là aussi il faut sortir de l’image traditionnelle de l’enseignant qui circule dans les rangs, contrôle le travail de tous et inspecte par-dessus les épaules.

Assieds-toi auprès d’eux pour travailler. Demande à tes élèves où cela bloque, ce qui les gêne pour avancer.

– Sors du schéma traditionnel du lever de doigt

Comme Freinet qui scandait « parler le moins possible pour laisser parler les élèves », invente une classe où on ne lève pas le doigt pour demander la parole. Qu’ils laissent leurs mains sur leur bureau ou dans leurs poches et interroge quelqu’un qui n’en a pas demandé la permission.

Premièrement, ils seront tous obligés d’être attentifs car ils ne sauront pas à l’avance qui tu interroges mais surtout cela évitera de ne questionner que ceux qui savent ou veulent faire croire qu’ils savent. Car si on observe bien le fonctionnement de certaines classes, il n’y a que certains élèves qui prennent la parole, le lever de doigt créant « un cercle d’amis » autour du professeur. Utilise une roue de la chance personnalisée pour désigner ce qui peuvent prendre la parole comme celle que tu trouveras dans cet article sur le mobilier de classe : https://www.ikea.com/be/fr/ideas/une-classe-qui-a-de-la-classe-pub02010bb0

– Favorise l’autonomie

Personne ne travaille à la même vitesse. Or on demande cela à nos élèves. Ils doivent tous avoir fini en même temps ! Pour passer ensuite à la matière suivante. Pourquoi leur imposer cela ?

Ils risquent de se dépêcher, de bâcler, de retenir qu’il vaut mieux faire vite que bien.

Récupère les cahiers de ceux qui ont fini pour pouvoir t’avancer dans les corrections mais laisse des moments dans ton EDT de la semaine pour finir les travaux en cours. C’est le moment de penser à la ta bibliothèque de classe. Dote-la de romans ou documentaires de qualité mais pas seulement. Propose des bandes dessinées, des mangas, des journaux, des revues sur la nature et la géographie…

Inutile de reporter la correction collective que tu avais prévue. Ils termineront leur travail plus tard. Oui, ils « s’inspireront de cette correction. Et alors ? Tant qu’ils apprennent…

F. Insuffle la fierté

– Termine toutes tes séances par des réussites

Pour toutes les séances menées, il y a des réussites qui valent la peine d’être mises en avant. Ce ne sont pas forcément des réussites totales mais cela peut être des dynamiques de progrès qui méritent d’être soulignées, des efforts surhumains pour dépasser la difficulté qui valent la peine d’être exposées devant tous, des situations d’entraide et de tutorat efficientes qui doivent se propager à tous. Applaudis ceux qui méritent pour leurs compétences, leurs connaissances ou leurs attitudes. C’est un cercle vertueux. Sans leurrer sur le chemin qu’il reste à accomplir. C’est la démarche VIP de Mireille Brigaudiot : Valoriser, Interpréter, Poser l’écart !

– Dis ta joie de travailler avec cette classe aux parents

Parents rassurés = élèves impliqués = enseignant apaisé

Fais donc la publicité de tout ce travail : affiche, fais savoir, mets sur le blog de l’école…

G. Fais de l’erreur un levier d’apprentissage

Beaucoup de classes ont de beaux affichages : « j’ai le droit de me tromper », « je sais ce que j’ai appris de mes erreurs », « j’aime les erreurs ». Mais si c’est de la décoration, cela ne sert à rien. Il faut vraiment travailler avec les erreurs. En sélectionner à chaque cours, les afficher, faire parler tout le groupe pour savoir pourquoi c’est une erreur. Faire expliciter comment ne pas la refaire, où se documenter, comment retenir. Il faut en refaire l’inventaire avant chaque bilan. Sans nommer celui qui s’est trompé. Nommer l’erreur.