Qu’est-ce qu’une mise en commun réussie ? Comment en finir avec la correction collective?

Lis attentivement ce qui suit mais surtout télécharge le kit du débutant ! 

Cet article concerne l’école élémentaire. 

Souvent, tu vises trop haut pour tes élèves. Tu pêches par ambition dans le déroulé de ta séance. Tu veux tout faire en une fois. Donner une consigne de travail, lancer le travail, le réguler, le corriger, donner des exercices d’application et faire une correction collective. Et bien sûr coller dans le cahier de références le résumé à apprendre pour le cours d’après. Au final, au lieu d’avoir des séances de 40 minutes, cela dure plus d’une heure. Tes élèves s’énervent et tu es déçu(e) par leurs travaux écrits. En plus, la correction collective est un moment difficile pour les élèves. Il y a ceux qui ont tout compris et qui s’ennuient fermement, il y a ceux qui n’ont rien compris et ne savent plus où donner de la tête, il y a ceux qui n’ont fait que quelques erreurs, ne se sentent pas forcément concernés et loupent le moment où tu parles de la leur. 

Il y a surtout ce stylo vert et cette obsession de « prendre la correction » …Combien d’élèves mettent un temps fou à prendre la correction et ratent des informations orales essentielles !

Haro sur la correction collective et vive la mise en commun !

Mais d’abord, c’est quoi une mise en commun ?

Ce n’est pas une correction collective !

Une correction collective est un moment où toute la classe réunie écoute attentivement ce qu’il fallait répondre, souvent item par item, à un exercice. L’enseignant ou un élève désigné donne la bonne réponse. Elle est écrite au tableau. Ceux qui se sont trompés corrigent en vert. C’est un moment magistral où les élèves sont assez passifs hormis quelques-uns qui sont souvent ceux qui ont tout compris. 

Une mise en commun est un moment de discussion autour de 2 axes : 

– Les stratégies efficaces de résolution. Les bonnes idées des élèves pour le dire simplement ! 

– Les erreurs des élèves. Pas toutes évidemment. Mais les plus dangereuses. Celles à qui il faut absolument tordre le cou. Celles qui reviennent tout le temps. 

Mais faut-il la faire immédiatement après la séance ?

Oui, si tu as le temps, oui si tu as pu observer tes élèves, repérer leurs stratégies, leurs réussites ou leurs erreurs ! Il faut avoir eu le temps de regarder les élèves fonctionner. Passer au-dessus de leurs épaules quand ils sont en train de rechercher une solution. Sans intervenir dans leurs travaux. Il faut accepter qu’ils se trompent. Munis-toi d’un petit carnet de notes pour noter qui a eu une idée de génie, qui a eu une stratégie erronée dont tu reparleras car on la retrouve chez d’autres élèves. Utilise ton téléphone portable pour prendre des photos. Dans ce cas, tu fais la mise en commun en fin de séance. 

Tu as été occupé(e) par un élève, tu n’as pas eu le temps de voir comment tes élèves s’emparaient de l’activité ? Tu n’as juste pas assez de temps à la fin de la séance ? Alors diffère la mise en commun. Repère des « morceaux choisis » dans les cahiers ou ressors tes notes.

Le visualiseur, objet de rêve de la mise en commun !

Cet objet, lorsqu’il est présent dans une classe, implique automatiquement le travail sur les productions des élèves. On peut projeter immédiatement au tableau une page de manuel, une page d’un cahier d’élèves, une erreur que l’on voudrait voir disparaître des têtes des élèves et surtout de leurs cahiers. 

Ton plan d’attaque !

ÉTAPE 1 : Phase de réactivation des acquis antérieurs 

Commence ta séance de classe par faire rappeler les leçons données précédemment. C’est une étape obligatoire avant de lancer la consigne.

ÉTAPE 2 : Phase de dévolution de la consigne 

Une consigne bien posée comprend les phases suivantes :

– Dire la consigne

– L’écrire au tableau

– La faire répéter plusieurs fois pour la réajuster (en profiter pour la faire relire)

– Donner des exemples voire commencer l’exercice avec

ÉTAPE 3 : Phase de recherche individuelle 

Fais faire les recherches ou les premiers essais sur un cahier de brouillon. Ce n’est pas pour rien que l’on appelait autrefois le cahier de brouillon, le cahier d’essais !

Circule en observateur et transforme-toi en paparazzi !

ÉTAPE 4 : Phase de recherche en groupe

C’est la phase où les élèves se mettent d’accord sur ce qu’ils ont trouvé. Ils peuvent continuer à réfléchir sur leur cahier de brouillon. 

Différenciation : C’est le moment de différencier. Prends avec toi un petit groupe d’élèves qui aura besoin que tu en reparles avec eux et que tu les aides à comprendre ce qu’ils sont en train de faire. Construis des outils de référence : affichages, fleurs lexicales, cartes mentales, traces écrites, audios à réécouter…

ÉTAPE 5 : Phase de passage au propre sur le cahier du jour ou sur un autre cahier

Cette étape oblige les élèves à être attentifs pendant les phases précédentes. 

Corrige-les et collecte encore du renseignement. 

ÉTAPE 6 : Phase de mise en commun (cette étape peut être en début de séance suivante avec un rappel de l’activité)

Un principe : on parle des stratégies et des erreurs mais pas de ceux qui les ont commises.

Une obligation : aucun cahier sur les tables, pas de stylo vert à disposition. Écoute obligatoire.

Explique à tes élèves que les mises en commun se dérouleront toujours dans le même ordre. 

1) Ce qui marche et ne marche pas

2) Les erreurs à éliminer

Projette ce dont tu as besoin au TNI/VPI et instaure un débat avec la classe. N’hésite pas à recourir à tout ce qui peut aider les élèves : passages au tableau, recours aux affichages, aux cahiers de références… 

3) Correction des cahiers en fonction de ce qui a été traité pendant la mise en commun

4) Un groupe de différenciation

ÉTAPE 7 : Phase de correction sur le cahier du jour ou sur un autre cahier

Fais ressortir le fameux stylo vert ! Mais cible. On corrige ce qui a été abordé et le reste si on y arrive. Il faut savoir en laisser de côté parfois ! Et surtout fais verbaliser tes élèves : « maintenant, je sais que pour réussir cet exercice, je dois… »

Une devise : La mise en commun n’est pas une correction collective !

Et rappelle-toi : « L’erreur est un outil pour enseigner » Jean Pierre Astolfi