Conseils aux professeurs des écoles débutants pour ne pas craquer

Pourquoi les jeunes enseignants craquent-ils ? Bien sûr les moins jeunes dans le métier ont eux aussi leur lot de difficultés et de craquage, mais on va s’attarder ici à ceux qui débutent. Alors pourquoi sont-ils au bord de la crise de nerf, à deux doigts du burn out, en plein découragement ? Pourquoi certains baissent les bras, décrochent voire démissionnent ? Tu te sens concerné, alors lis cet article, télécharge notre kit du débutant et notre kit gestion de classe. Attention, on ne va pas te donner une recette miraculeuse, mais des conseils pour limiter la casse, des conseils tout simples mais qui ne viennent pas forcément à l’esprit quand on débute.

Tu débutes, la fleur au fusil, gonflé(e) à bloc, avec un enthousiasme sans limites. Tu suis depuis quelques temps déjà des baby profs, stars des réseaux sociaux, qui te montrent tout un tas de séances merveilleuses, un matériel superbe, et affichent en plus de ça un magnifique sourire. Certains ont débuté il y a peu, partagent leur travail qui te semble déjà être celui d’un expert. Alors ça t’a donné envie de faire pareil. Et surtout, ça avait l’air super fastoche. Parce que les crises de nerfs, les angoisses, le stress, la fatigue, les soirées studieuses, les week-ends à bosser, c’est pas ce qu’on voit sur les réseaux. Tu as aussi souvent entendu que c’était trop cool la vie d’un professeur des écoles : des journées ultra réduites, des vacances à rallonge, et zéro casse-tête, car le niveau de connaissances demandé, ben ça casse pas trois pattes à un canard. Tranquille.

Bref, tu es arrivé(e) pour une première fois dans une classe avec l’innocence d’un nouveau-né. Et très vite, tu as compris.

 

La 1ere raison évidente à cet état proche du burn out : la charge de travail.

 

 Petit état des lieux (non exhaustif) :

–       Préparer de nombreuses séances différentes parce qu’il faut faire le programme et bien rythmer ta journée : impossible à quantifier, c’est infini cette chose-là, car déjà il faut savoir par quel bout commencer, et il faut aussi maîtriser la construction d’une séquence. Tu l’as compris, ça représente beaucoup d’heures. Voire pire.

–       Bien comprendre les programmes : selon tes capacités d’analyse, ta rapidité de lecture, ton nombre d’heures de sommeil en retard : plusieurs mercredi et/ou soirées. Voire pire.

–       Aider les élèves en difficulté : ça va dépendre de ton secteur et aussi de ta chance (certaines classes sont plus faciles que d’autres). Mais si on ajoute différenciation, PPRE à rédiger, réunions d’équipe éducative, entretiens avec les parents, entretiens avec le psychologue scolaire, coups de téléphone à l’orthophoniste, conseils des maîtres et de cycles., conseils d’école…pffff ça peut monter très haut en termes d’heures.

–       Gérer Le quotidien : conseils des maîtres (encore), formations, corrections, projets, évènements particuliers, bilans, LSU ou livrets….Encore de nombreuses heures. Voire pire.

 

Tu es fatigué(e) à la seule lecture de cette liste. Nous aussi.

 Conseils 

1.     fais-toi aider …

…par les collègues, par les conseillers pédagogiques, par les copains qui débutent aussi. Un regard extérieur est parfois nécessaire pour mieux comprendre, car tu n’as pas assez d’expérience pour analyser ta pratique. Appelle le CPC (conseiller pédagogique) pour qu’il t’observe et te conseille. Travaille avec tes collègues : Répartissez-vous le travail pour aller plus vite, travaille en équipe pour apprendre et être plus efficace.

 

2.     Utilise des séances clés en main 

 Là tu kiffes. Oui mais attention à ne pas te faire avoir. Toutes les séances offertes sur le web ne sont pas des chefs-d’œuvre. Il n’y a pas toujours le mode d’emploi, c’est pas forcément adapté à ta classe. Et la séance clé en main n’existe pas toujours. Comment tu fais alors, jeune PE désespéré que tu es ? Tu utilises des manuels AVEC le guide du maître, tu regardes dans les guides EDUSCOL (et oui tu y trouveras des séquences et des séances clés en main), tu piques les séances des collègues qui veulent bien te les passer, tu cherches sur le net (sans y passer des heures en tapant les mots clés précis et en t’assurant de la fiabilité de tes sources, par exemple les blogs des académies qui sont souvent des mines d’or), tu relis tes notes de formation et tu testes les séances travaillées/ présentées.

 

3.     Limite les corrections 

Mises en commun efficaces (lis notre article qui t’explique comment faire), ateliers, exercices auto-correctifs, oral…

 

4.     Reste modeste.

Fais simple, va droit au but, perds pas de temps en bricolages inutiles et en recherches infinies. Reporte les projets titanesques à plus tard. Les pédagogies innovantes te tentent, là encore assure-toi d’avoir compris les bases avant de te lancer dans des façons d’enseigner qui demandent de l’expertise.

 

La 2ème raison évidente : la difficulté de la gestion de classe et la fatigue physique et nerveuse qui en résulte.        

Conseils :

 

1.     Arrête d’externaliser les problèmes.

Ok c’est pas simple. Ok il y a beaucoup d’élèves agités dans la classe. Ok pas de bol ta classe est super difficile. Ok tu as aussi plusieurs élèves à besoin particulier. Tout ça tu n’y peux rien. Mais parfois quand on débute on oublie que manquer d’expertise peut entraîner des erreurs qui coûtent cher en termes de climat de classe. Une séance trop longue ou/et pas adaptée peut rendre la gestion de classe difficile (les élèves se dissipent, sont moins attentifs…). La difficulté à préparer quand on débute rend l’exercice très chronophage, ce qui parfois impacte ton état (si tu es épuisé(e) les élèves vont le ressentir et tu gèreras moins bien). Tu as perdu trop de temps à préparer une séance et tu as baclé les autres séances de la journée ?  Les « flottements » engendrés par ce manque de rigueur provoqueras assurément de l’agitation. Et oui, les élèves peuvent te faire payer très  cher une petite faiblesse.

Demande de l’aide à un conseiller pédagogique ou à un collègue expérimenté pour y voir plus clair. Repère les moments où la gestion de classe est plus difficile ou au contraire plus sereine et essaye de comprendre pourquoi. Sois hyper rigoureux dans ta préparation de classe.

 

2.     N’attends pas, ne laisse pas une situation problématique prendre de l’ampleur.

Demande leur avis à tes collègues, parles-en à ton directeur ou à ta directrice. S’il s’agit d’un élève avec des troubles importants prends rendez-vous avec les parents, demande une réunion d’équipe éducative. Lis notre kit gestion de classe attentivement.

 

3.     Revois la disposition de ta classe

Tu as mis ta classe en ilot parce que c’est mieux, mais tu as des bavardages incessants. Change la disposition pour un retour sur quelque chose de plus classique. Reviens aux ilots quand tu gèreras mieux. Dispose ta classe de façon agréable, fais des coins, rends les déplacements faciles. Fais en sorte que tout le monde voit bien le tableau.

 

4.     Ne baisse pas les bras

 

Cadrer ses élèves n’est pas être malveillant. Cadrer ses élèves (avec bienveillance mais fermeté et rigueur) demande de l’énergie mais c’est la seule solution pour obtenir un climat serein et propice aux apprentissages. Continue à prendre le temps de préparer sérieusement ta classe car les moments de flottement sont synonymes de débordement. Sois patient(e), Rome ne s’est pas faite en un jour.

 

ET toutes les autres raisons…

 

Il y a bien sûr plein d’autres raisons au craquage des jeunes enseignants (et des moins jeunes) comme le manque de formation, les postes éloignés du domicile, les postes à classes multiples (TRS, classes uniques…), le manque de ressources mais aussi la multitude de ressources, l’isolement parfois, le sentiment de mal faire, la volonté de bien faire, sa propre exigence, le changement de niveau tous les ans ou presque, les changements de programmes…Il n’y a parfois pas de solution mais une équipe soudée est souvent un moyen de progresser plus vite et de réduire le stress.

Conseils :

 

Ne reste pas seul dans ton coin, ose en parler, ose demander de l’aide. Parfois les difficultés perdureront car il n’y a pas de réponse à tout et certaines années seront plus difficiles que d’autres. Laisse-toi le temps de grandir, d’intégrer toutes ces connaissances qui feront de toi un excellent professeur. Essaye de ne pas te mettre trop la pression et préserve-toi tant que possible.

Et bien sûr, jette un œil à nos kits pour plus de conseils (ils sont dans les ressources !)