Comment gérer un élève opposant ou provocateur ? Sans y laisser ta santé mentale…

Lis attentivement ce qui suit mais surtout télécharge le kit du débutant ! 

Dans presque toutes les classes, il y a des élèves difficiles. Mais il y en a de plus durs que d’autres, qui refusent ouvertement de faire le travail donné ou qui poussent l’insolence très loin te faisant douter de ton calme et de ta vocation. Ils mettent ta classe sens dessus dessous, te font sortir de tes gonds et t’occasionnent les reproches de certains parents qui pensent que tu ne gères pas ta classe. Ce n’est pas seulement un problème de débutant… Ces enfants-là ont toujours existé à l’école, ce n’est pas un phénomène nouveau et tous les collègues ont eu à y faire face un jour. 

Sache que chez les enfants et les adolescents, les promesses de récompenses ou les menaces de sanctions ont moins d’efficacité que chez les adultes. Les promesses d’une récompense tardive (« quand tu seras grand, quand tu auras fait des progrès, si tu es sage toute la semaine » …) font pschitt. Selon Franck Ramus, chercheur au CNRS « les petites récompenses fréquentes et immédiates sont plus efficaces que les grandes récompenses rares et lointaines ». 

QUI EST CET ENFANT PERTURBATEUR ? 

« L’élève perturbateur est l’enfant agité, bruyant, dont les perturbations troublent la vie de l’école, le travail des enseignants et celui des autres élèves » : c’est ainsi que le définit Thierry Troncin de l’INSPE de Bourgogne. 

De lui, tu parles tout le temps. Dans la salle des maîtres, pendant les récréations et chez toi à tous ceux qui t’entourent… Il est l’enfant obsédant, le poil à gratter… 

De son côté, Serge Boimare parle de « peur d’apprendre ». 

VOICI UN PETIT LISTING DE TOUT CE QUE TU PEUX ESSAYER POUR SORTIR GRANDI(E) ET OUTILLÉ(E) DE CETTE SITUATION

ETAPE 1 : NE LAISSE JAMAIS TA CLASSE SANS SURVEILLANCE

Un enseignant du premier degré est responsable en permanence des élèves qu’on lui confie. C’est le code de l’Éducation ! Si un élève fugue, quitte la classe sans ton aval, appelle ton directeur/ta directrice ou un autre adulte de l’école pour aller à sa recherche. Si c’est impossible, préviens la police puis les parents. 

Cet événement nécessite immédiatement la convocation d’une équipe éducative et un courrier d’information à l’IEN. 

ETAPE 2 : PREVOIS DES LIEUX DE REPLI

Installe dans ta classe un coin calme où se réfugient les colériques. Une tente, un tipi, des tapis, un casque de tondeuse à gazon pour s’isoler du bruit du reste de la classe, la possibilité de s’allonger, des coussins…

Cela détend la situation. 

ETAPE 3 : NE L’OBLIGE PAS A FINIR SON TRAVAIL

On parle ici de troubles envahissants du comportement. Il est inutile d’exiger le même travail, le même rythme que pour les autres. Si cet élève décide de ne pas faire son travail ouvertement, précise-lui que c’est son choix mais qu’il se prive de connaissances et de savoirs. Surtout affiche un calme sans failles. Tant que tu gères bien le groupe-classe, tout reste à ton avantage ! 

Peut-être angoisse-t-il à l’idée de rater, de ne pas comprendre alors aide-le à commencer son travail, met-le sur la voie. Il appréciera cette attention et cherchera à te faire plaisir. Ce sont les conseils de Serge Boimare !

ETAPE 4 : JOUE LES OBSERVATEURS

Note sur ton cahier d’incidents comment l’enfant se comporte quand tout va bien et les éléments qui expliquent ce bien-être. 

Note ce qui le fait sortir de ses gongs. 

Ces éléments sont précieux pour le comprendre et fixer ton attitude. Tu éviteras ainsi les situations de stress car tu sauras décoder les éléments qui annoncent la crise. 

Tu l’anticiperas et peut-être même l’éviteras. 

ETAPE 5 : FAVORISE LA CO-EDUCATION

Dis-toi que les parents de cet enfant sont sûrement en très grande souffrance. Montre que tu essaies des choses, que tu es patiente et compréhensive mais que tu agis dans un cadre. 

Les RDV avec les parents ne remplacent pas les équipes éducatives et les informations préoccupantes quand elles sont nécessaires. 

ETAPE 6 : DEPERSONNALISE LE REPROCHE

Et oui ! C’est bizarre comme conseil mais cela marche. Il refuse de faire son travail, garde ton calme et parle avec ta classe. Lance un débat. Pour quelles raisons ne faut-il pas refuser de faire le travail donné, de quoi se prive-t-on quand on refuse ce que l’école propose ? 

Cela équivaut un peu à faire diversion. Mais cela fonctionne souvent. 

Cette stratégie appliquée par un(e) PE tout sourire et calme a encore plus de chance de marcher !

ETAPE 7 : PRIVE L’AGITATEUR DE SON PUBLIC

Le rire des autres, leurs sourires en coin à la moindre bêtise sont des validations et des encouragements. Tords le cou à ces attitudes complices. Si le reste de la classe est cadré et si le travail est organisé, l’agitateur isolé aura moins d’espace pour bouger. 

Souvent, la classe aime que l’agitateur s’agite car ainsi il concentre les reproches du/de la PE et certains vivent ainsi dans la tranquillité, se faisant passer pour plus sages qu’ils ne le sont en réalité. Toute l’attention se focalise sur lui et ils mènent leurs affaires comme bon leur semble. 

Si tu te rends compte de cela, il faut intervenir et leur dire que tu n’es pas dupe et que c’est répréhensible de fonctionner de façon perverse. L’agitateur ne doit pas devenir bouc-émissaire. 

ETAPE 8 : SOIS EXPLICITE

Explique clairement ce qu’est le comportement attendu à toute la classe. Continue à t’adresser au collectif. Donne des exemples de comportements attendus et félicite les élèves lorsqu’ils répondent positivement à tes demandes. Félicite l’enfant agité lorsqu’il essaie, n’attends pas la perfection toute de suite. 

Propose un règlement de classe assorti de sanctions réparatrices anticipées à l’avance. Télécharge le kit du débutant de Schooldrive pour avoir des informations sur le règlement de classe. 

ETAPE 9 : FAIS DES RETOURS POSITIFS ET AIDE-LE À BIEN TRAVAILLER !

Ne dénigre jamais l’enfant devant ses camarades.

L’humiliation génère la violence. Sur l’instant, tu es soulagé(e) mais tu renforces son agressivité. Félicite-le quand la journée s’est bien passée, pour ses attitudes ou actions conformes à ce qui est attendu d’un élève de son âge. Inutile de donner des récompenses car le jour où tu arrêteras, il recommencera ! La plus belle des récompenses, ce sont les félicitations que tu lui feras en fin de journée, ostensiblement, avec appui et celles que tu adresseras à ses parents à la sortie des classes. 

Si « la crise » est un fait occasionnel, utilise le régime de sanctions prévues par ton règlement. Mais attention les sanctions ne sont forcément punitives ; elles doivent être aussi réparatrices. 

Ne va pas au contact physique sauf s’il se met en danger ou s’il met en danger un autre élève. Dans ce cas, étreins-le par derrière pour freiner son avancée et t’éviter des coups de pied. S’il est trop fort ou trop agité, préviens un autre adulte et appelle le 15.

Les compliments ont plus d’efficacité que les reproches ou les punitions. Uses-en mais avec conviction. Tout est dans le dosage mais aussi dans la conviction que tu y mets. 

Tu peux punir lorsque le règlement l’inclut mais observe si tu es dans l’efficacité quand tu procèdes ainsi… 

ETAPE 10 : AVOIR UNE STRATÉGIE D’ÉQUIPE 

VOICI UN PETIT PROTOCOLE SI CET ENFANT EST VIOLENT DEPUIS QU’IL EST DANS TA CLASSE :

– Possède un dossier scolaire et psychologique impec (contacte la psychologue scolaire pour avoir son avis)

– A la première incartade, reviens au règlement de classe

– Tiens à jour ton cahier d’incidents

– Aborde le sujet en conseil de maîtres

– Sollicite le RASED 

– Envoie un mail descriptif de la situation à l’IEN pour information après en avoir parlé en équipe et avec ton directeur/ta directrice

– A la seconde incartade, fixe un rendez-vous à la famille

– Si la situation s’aggrave, demande une équipe éducative où seront présents le directeur/la directrice, le médecin et le psychologue scolaires mais aussi tous ceux qui interviennent dans la vie de l’enfant et ont un éclairage précis sur son attitude

VOICI UN PETIT PROTOCOLE SI CET ENFANT EST VIOLENT DEPUIS LONGTEMPS :

– Prévois avec ton directeur/ta directrice des équipes éducatives régulières pour mesurer les progrès ou les régressions et s’assurer que l’élève est bien suivi pour ses troubles du comportement

– S’il y a un dossier MDPH, demande une AESH pour son accompagnement en classe

– Si l’enfant dépend de l’aide sociale à l’enfance, récupère le protocole mis en place

Le document de référence pour s’en sortir : https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Handicap/85/6/Formation_TCC_222856.pdf

Les conseils de Franck Ramus sur Ginger Éducation : https://www.gynger.fr/agir-sur-les-comportements-perturbateurs-en-classe/

Et rappelle-toi : « Un élève perturbateur est un élève en souffrance» Serge Boimare