La dictée…
En voilà un exercice qui a traumatisé des générations entières d’écoliers français.
Que de crises de nerfs pour parvenir à retenir des mots tordus par une orthographe irrégulière.
Que de souffrance pour mémoriser des règles de syntaxe alambiquées.
Que de cauchemars à l’idée de devoir annoncer à ses parents un zéro de plus ou une mauvaise note. Et puis se faire gronder et punir.
Que d’incompréhensions alors qu’on se sait intelligent face à une école qui se contentait d’évaluer et qui répétait qu’il suffisait d’apprendre ses leçons !
Que de déceptions dans les yeux des parents face à un cahier tendu sur lequel on ne voit plus que le rouge du stylo de l’enseignant(e).
Tu crois que ces temps sont révolus ?
Il semblerait bien que non. Visiblement nos petits écoliers sont encore phobiques de cet exercice.
Mais pourquoi ont-ils encore si peur ?
En fait, cet exercice est particulier. Il a un poids symbolique lourd. Ne pas avoir une bonne orthographe est un handicap social réel et tous, nous intégrons très tôt qu’écrire avec des fautes est une tare. D’ailleurs on parle de « fautes ». Fauter c’est grave. Répréhensible même. La barre est donc placée très haut et, au final, la pression est bien présente. Mais ce n’est pas terminé…
La dictée est un exercice atypique qui convoque plusieurs sens à la fois et oblige à une grande concentration. Il faut savoir écouter l’enseignant(e) qui dicte mais il faut bien entendre aussi. Entendre la prononciation qui donne des indications. Ces liaisons qui disent certains accords par exemple. Il faut comprendre le texte. Si l’enfant ne comprend pas, il va avoir du mal à se concentrer sur son écriture. Il faut ensuite convertir l’audio en visuel. Mais là les enfants sont encore très inégaux. Il y a ceux qui écrivent mal mais suivent le rythme et aussi ces scripteurs lents (et pourtant assez bons en orthographe) mais qui lâchent en raison d’un manque de fluidité du stylo et d’une crispation de la main… Écrire dans les temps ! L’horreur pour certains… Et évidemment il y a tous ceux qui ont de réelles difficultés. Que de déceptions pour les professeur(e)s face à ces piètres rendus.
Alors comment casser la chaine du malheur et faire de cet exercice un réel apprentissage ?
En ne laissant plus les élèves seuls face à leur cahier, en les épaulant mais surtout en misant sur l’entraide et le tutorat.
En inventant une routine avec une recherche active et un adulte qui sait se mettre en retrait pour laisser s’exprimer les élèves sur ce qu’ils savent déjà.
Peut-être aussi en évaluant de façon positive en signalant les progrès plus que les erreurs.
Voici une proposition pour que la mayonnaise prenne. A renouveler le plus souvent possible si tu veux que tes élèves deviennent des champions de l’orthographe !
Les ingrédients
– Une dictée du niveau de sa classe (assez courte !)
– Une dictée logique au regard de ta progression de classe en grammaire et vocabulaire
– Des feuilles de brouillon
– Des affiches
– Une feuille pour le jet final
– Des dictionnaires, les cahiers de références, les affichages…
La recette
1) Mets une bonne dose de challenge
Hourras et bravos pour le groupe qui aura écrit la dictée sans se tromper !
2) Rajoute une pincée d’explicitation : 5 minutes
Hourra et bravo à l’enseignant(e) qui rend claires ses démarches !
Présente le planning de travail à la classe avec toutes les étapes de la séance
Fais une affiche-planning que tu affiches à chaque fois que tu travailles une dictée
3) Commence à travailler la pâte : 5 minutes
Hourra et bravo à la maîtresse et au maître qui ont compris qu’il faut toujours travailler en individuel avant de travailler en groupes
Dicte le texte à tes élèves
Fais travailler chaque élève sur son brouillon
Un petit tuyau : enregistre-toi en format MP3 en train de dicter le texte. Avec des tablettes et un casque audio, les plus lents, les plus perfectionnistes peuvent tout écrire sans que tu aies à répéter !
4) Laisse mijoter à feu doux : 15 minutes
Les groupes trouvent la bonne orthographe du texte par le débat et la discussion. Circule pour t’assurer qu’ils travaillent tous et donnent un petit coup de main à l’occasion. Mais petit !
Laisse-leur les outils de classe à disposition (dictionnaires, cahier de références, manuels de grammaire, affichages références…)
Petite astuce pour plus tard : Que dirais-tu de coller côte à côte le jet de départ de l’élève à celui d’arrivée ? Que de progrès à souligner. Que de chemin parcouru ! Que de hourras et bravos à donner !
5) Enfourner
Fais recopier la dictée de chaque groupe sur une affiche
Colle le tout au tableau
Surtout laisse reposer : au moins 24 heures. Tu y reviendras plus tard.
6) Servir tiède (15 minutes)
Déclare les débats ouverts !
Fais discuter chaque groupe sur les choix qu’il a fait et conduis-les à comprendre d’où viennent les choix des autres. Recours aux règles apprises, aux affichages références, aux dictionnaires. A tout ce qui donne une preuve.
7) Ne pas hésiter à se resservir (15 minutes)
Demande à chacun de recopier le texte bien orthographié dans son cahier de français en soignant sa graphie et sa présentation. C’est une autre étape de la mémorisation.
Colle une version numérique juste au-dessous (pour le revoir à la maison au propre et sans aucune erreur)
Au fait, ne parle plus de fautes d’orthographe mais d’erreurs.
Tout de suite, c’est plus léger.
Et rappelle-toi : « l’erreur est un outil pour enseigner » (Jean Pierre Astolfi)
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