Plutôt que de crier, de te désespérer ou pire de pleurer, teste ces petites astuces… Parfois ça sera insuffisant, parfois il restera un récalcitrant, mais souvent ça marchera ! Car tu l’as bien compris, crier ne sert à rien…Et ça peut même générer…plus de bruit, plus de cris, plus d’agitation !
– Tu es en maternelle, il est l’heure de ranger…Mais tout le monde s’en fiche ! Tu as beau t’égosiller, ils continuent tranquillement à jouer, sans te jeter le moindre regard, comme si tu n’existais pas. De toutes façons ils font tellement de bruit qu’ils ne t’entendent pas. Respire un grand coup ! Fais du rangement un jeu ! Montre l’exemple, demande-leur de l’aide, valorise-les en les félicitant, organise des petits défis (la table la plus rapidement rangée par exemple) et fais participer tout le monde ! Gère leur frustration en disant qu’ils pourront finir plus tard. Accepte que ce ne soit pas parfait, accepte que certains ne rangent pas, tout ça s’apprend, et le secret de la maternelle c’est de prendre le temps.
– C’est l’heure du moment collectif au coin regroupement. Et c’est reparti ! Quelques enfants ne veulent pas venir s’asseoir ! Et te voilà en train de supplier, de répéter, et peut-être un petit peu de t’énerver…Tu te lèves, tu vas chercher le/la petit(e) qui a décidé de te faire tourner en bourrique. Mais rien, aucun effet, il/elle semble scotché(e) au sol. Tu le/la prends par le bras, et comment est-ce possible ? Comment un si jeune enfant est-il capable de déployer une telle force ?? Tu es coincé(e), tu ne vas tout de même pas risquer de faire pleurer ton élève et encore moins de lui arracher un bras ! Au lieu de t’acharner sur cet élève – je te rappelle que tous les autres sont assis, que tu ne les regardes pas et qu’ils s’ennuient. Je te rappelle aussi qu’ils ont plein d’imagination quand ils s’ennuient. D’ailleurs, y’a pas un peu d’agitation tout d’un coup au coin regroupement ? – donc au lieu de t’acharner et de perdre lamentablement face à un petit bout au caractère déjà bien affirmé, va t’asseoir au coin regroupement avec les autres et ne t’occupe plus de lui. Raconte une histoire à voix basse, la curiosité et la frustration devraient vite ramener le petit rebelle sur les bancs. Bon ok, parfois le rebelle est coriace, il faudra peut-être insister davantage et s’armer de patience, mais essaye, souvent c’est incroyablement efficace.
– Ils sont enfin assis, les gouttes de sueur perlent sur ton front. Tu tentes de te souvenir pourquoi tu rêvais tellement de faire ce métier. Parce que là en ce moment, ils s’agitent, se tapent, se disputent, rigolent, se tirent la langue ou les cheveux, pleurent, se lèvent, changent de place, se mettent à plat ventre par terre et commencent à ramper entre les jambes des copains qui commencent à hurler à leur tour. Tu crois qu’on est en plein délire ? Bon ok ça n’arrive pas toujours, mais tout ça est fort possible ! Tu veux dire quelque chose mais tu vois bien que c’est peine perdue. Encore une fois tu n’existes plus. Tu élèves la voix ? Ils ne s’entendent plus, alors ils parlent encore plus fort ! Tu dois capter leur attention, coûte que coûte. Sors un sac au trésor, approche-toi de quelques-uns et dis-leur que tu as apporté une surprise, ou mets de la musique et commence à chanter, ou encore fais des percussions corporelles…intrigués, certains t’observeront, t’imiteront et ça fera boule de neige…en quelques secondes tu auras tes élèves avec toi. Profites-en pour placer un petit rituel : combien en faut-il quand on est sur les bancs ? Il en faut 5 (doigts). Et on compte : 1 pour être assis correctement, 2 pour avoir tous les yeux, 3 pour avoir toutes les oreilles grandes ouvertes, 4 pour avoir toutes les bouches fermées, 5 pour avoir les mains posées sur ses genoux. Prêts à écouter ?
– C’est l’heure de la salle de motricité. Panique à bord ! Et s’ils couraient comme des fous dans le couloir ? Et s’ils faisaient beaucoup de bruit sans t’obéir ? Et s’ils n’écoutaient rien en arrivant dans cette grande salle ? Ça te rappelle quelque chose ? Alors laisse tomber les remontrances inutiles. Imagine un déplacement silencieux dans le couloir : propose aux enfants de jouer aux espions, il ne faut pas se faire repérer, silence total et sur la pointe des pieds. La prochaine fois ce sera « les petites souris qui doivent être invisibles à cause du gros chat »…Fais-en des tonnes, ça marche. Dans la salle de motricité ? C’est grand, ça résonne, là encore si tu forces sur tes cordes vocales pour avoir le silence, c’est raté d’avance. Essaye d’aller t’asseoir par terre au milieu de la pièce, sans rien dire. En quelques minutes tu auras une flopée de petits poussins collés à toi prêts à t’écouter. Car….
– Une consigne ne se passe jamais dans le bruit. Jamais. Quel que soit l’âge. Ne parle pas en couvrant les voix de tes élèves. Au contraire, parle tout doucement pour qu’ils soient obligés de se taire pour écouter. J’ai aussi vu des enseignants allumer la lumière, ça détourne leur attention et ça marche. La petite musique de relaxation aussi.
– Enfin, n’oublie jamais : tout cela se travaille, c’est parce que tu vas travailler ces règles avec eux, parce que tu vas les féliciter pour leur comportement que ça s’améliorera. C’est parce que tu vas apprendre à les observer, à reconnaître le moment où ça peut dégénérer, que tu pourras désamorcer la crise, en changeant d’activité, en proposant un moment musical, une petite relaxation ou tout simplement un tour dehors.
Ne te décourage pas, c’est normal au début d’être désarmé face à un groupe d’enfants (demande aux parents s’ils arrivent toujours à gérer leurs 2 enfants ? Non, bien sûr. Toi tu dois en gérer 20, 25 ou même 30. En fait, tu es un super-héros).
Alors garde en tête que crier ne sert à rien, teste plein de choses, vois ce qui est efficace ou l’est moins, adapte ta posture. Et sens toi légitime. Tes élèves ne t’écouteront pas s’ils sentent que tu ne te sens pas à ta place.