Tu viens d’être nommé(e) dans une nouvelle école. Tu angoisses à l’idée de faire la connaissance de tes nouveaux collègues ou au contraire cela t’emballe. Dans les deux cas, tu te demandes comment les aborder mais aussi comment entrer en contact avec eux en fonction de leur personnalité. Un flot de questions te submerge.
Comment demander de l’aide sans les déranger ?
Demander de l’aide est-il bien vu ?
Faut-il intervenir clairement dès la première réunion ou fait-il prendre le temps d’écouter ? Faut-il marquer son territoire ou ou contraire faire preuve d’empathie et tendre la main pour se faire accepter ?
Quelle attitude avoir vis-à-vis de la directrice/du directeur ?
Comment se positionner face à certains collègues, piliers de l’école ou avec une étiquette « particulière » ? Tu sais : ce sont ceux qui accompagnent les étudiants et les débutants (MAT, PEMF) ou ceux qui aident les élèves handicapés (coordonnateurs d’ULIS, AESH) ou encore ceux qui s’investissent dans un syndicat.
Faut-il manger tous les jours avec eux ou au contraire prendre l’air pour se changer les idées ?
Voici quelques conseils pour t’aider à trouver ta place au sein de ta nouvelle école.
A. Avant la réunion de pré-rentrée : Établis le contact en premier !
Joins la directrice/le directeur soit en appelant l’école soit sur son numéro de téléphone personnel. Elle/il est joignable par téléphone dans l’école au moins une semaine avant la rentrée. Appelle le secrétariat de ta circonscription pour demander sa/son numéro de téléphone portable ou faire le lien si besoin. Tu accèderas ainsi à l’école avant l’heure, tu poseras quelques affaires, récupèreras les clefs et les codes de la photocopieuse, découvriras les lieux et les collègues qui préparent la rentrée dans leur classe et ainsi tu te projetteras plus facilement dans l’année qui vient. Tu aborderas la réunion de prérentrée plus décontracté(e).
Fais-toi inscrire dans le groupe WhatsApp de ton école (il y en a souvent un !) et envoie un petit message pour marquer ton ralliement au groupe. Pour les informations de haute importance ou institutionnelles, consulte ta boîte mail académique.
B. Pendant la réunion de pré-rentrée : Fais bonne impression !
Étape 1 : présente -toi
Dis que tu débarques et que les conseils seront précieux pour toi. Il y a toujours des collègues aidants dans une équipe. Ne te formalise pas si certains restent en retrait ; ils viendront vers toi plus tard.
Étape 2 : brise la glace
Viens avec quelque chose qui plaira : un gâteau, des pâtisseries, des friandises.
Atmosphère détendue garantie.
Étape 3 : Mets-toi en mode écoute
C’est le moment d’observer. L’équipe a un fonctionnement déjà établi. Comprends-le avant de te positionner afin de ne te créer aucune inimitié. L’idée n’est pas se mettre en retrait ou de s’effacer mais de percevoir comment les choses fonctionnent dans cette école.
Avant la réunion, fais-toi une liste de questions à poser mais ne les pose que si la réunion n’y a pas répondu.
Prends des informations.
La directrice/le directeur délègue-t-elle/il beaucoup ou peu ?
Qui a de l’influence sur le groupe ?
Sur qui compter ? A qui se fier ?
Les problèmes se résolvent-ils au fil de l’eau ou dans les conseils de maîtres ?
Travaille-t-on plus en équipe ou en solo ?
Tout cela te servira ultérieurement.
Étape 4 : mets ton costume de pro
Cela semble paradoxal avec ce qui vient d’être dit mais il faut aussi rassurer l’équipe sur ta capacité à maîtriser les fondamentaux.
Pro tu l’es parce que tu es motivé(e).
Pro tu l’es parce que tu as les mêmes valeurs, les mêmes préoccupations et les mêmes obligations que les autres.
Bref, dans tes propos, montre que tu es un enseignant conscient de former la Nation de demain (les engagés t’apprécieront), que tu sais déjà que c’est un métier fatigant et peu reconnu par les parents et l’institution (les râleurs t’accepteront) et que tu seras à ton poste au moment des récrés et des entrées et sorties sans faillir (les bosseurs te laisseront tranquille).
Engage-toi dans les projets des uns et des autres seulement si tu es sûr(e) de toi.
Retiens ceci :
L’équipe est déjà formée. C’est toi la nouvelle/le nouveau. C’est à toi de t’adapter.
Montre-toi ouvert, disponible et engagé. Ne cherche pas à plaquer un ancien fonctionnement ou des idées préconçues sur cette nouvelle situation. Mais parle aussi de tes préoccupations : temps de trajet pour se rendre à l’école, difficulté à se garer, fatigue, crainte des élèves difficiles. Tes collègues te conseilleront et t’aideront.
C. Et le reste de l’année : entretiens un bon climat !
Il faut savoir entretenir un bon climat de travail dans son école. Et ne pas forcément attendre que cela soit les autres qui le fassent. Ce sont les moments conviviaux qui soutiennent le moral et développent une cohésion solide entre les personnes. Il y a toujours des rabat-joie qui ne voudront pas y participer mais ils sont marginaux et il ne faut pas désespérer. Ils peuvent changer d’avis s’ils voient le reste de l’équipe s’amuser sans eux. Donne l’impulsion et d’autres te suivront.
– Le petit train des anniversaires
A afficher en salle des maîtres ! Souhaiter son anniversaire à un collègue, manger un gâteau tous ensemble ce jour-là au moment du café ou à 16 h 30 redonne le sourire à tout le monde après une journée fatigante.
– Les repas de fin de période
Aller tous ensemble au restaurant avant les vacances, faire un repas à l’école, dans la cour (quand il n’y a plus aucun élève !) permet de souffler et de parler d’autre chose. Ou de revenir sur tout ce que l’on a vécu dans la période et qu’il faut évacuer pour partir en vacances l’esprit léger.
– Les goûters impromptus
Même principe. Amener un gâteau que l’on a préparé pour ses collègues et le déposer sur la table de la salle des maîtres. Avec un petit mot sympa. Tout le monde appréciera.
– Les repas de la pause méridienne
Manger tous les midis à l’école ou pas ?
Si tu manges à l’école tous les midis, tu auras toutes les informations car beaucoup de choses se règlent de façon informelle en dehors des réunions institutionnelles. Tu évacueras ton stress plus facilement en discutant avec les collègues. Mais tu seras plus fatigué(e) en fin de journée car tu n’auras pas vraiment fait de break.
Va te promener un jour sur deux ou rentre chez toi si tu habites à côté.
D. Repère les personnalités de tes collègues et apprends à t’y adapter
Voici ici une typologie des personnalités des collègues. Les choses ne sont évidemment pas aussi simples que cela mais ce style de collègues existe vraiment. En tout cas, ils ont souvent cette étiquette au sein d’une équipe même s’ils sont sûrement bien plus complexes dans la réalité.
Nous sommes nous-mêmes tour à tour ces types de collègues. Et parfois plusieurs de ces collègues à la fois.
A nous de nous surveiller pour rester engagé(e) et motivé(e) par notre métier !
Voici quelques conseils pour accepter ou supporter ces collègues tels qu’ils sont et t’en faire des alliés à l’occasion et pourquoi pas des amis pour certains.
1. Le collectif
Le premier collègue dont il faut se faire un ami, c’est le collectif. Le groupe de collègues. Il faut être inclus et accepté de tous. Là, tu appliques les conseils donnés dans l’article ci-dessus.
2. Le chef
Tu nous diras ici que le chef c’est la directrice/le directeur. C’est vrai. Mais… Il y a toujours dans une équipe d’école des collègues qui ont cette « place » en parallèle de la direction. Ils sont les moteurs de l’équipe (ce sont eux qui proposent des projets, prennent les initiatives et essayent d’entraîner les autres dans des actions motivantes pour les élèves ou les collègues). Ils aiment leurs métiers et le communiquent aux autres. Parfois, en imposant leurs points de vue. Et souvent, ils n’aiment pas être détrônés. Certains diront qu’ils sont « chefs à la place du chef » …
Comment faire avec eux ? Tout simplement en les suivant sur des projets qui te motivent à toi aussi. Sans renoncer aux tiens.
3. Le pilier
Elle/il est dans l’école depuis très longtemps, depuis tellement longtemps qu’on se demande si ce
n’est pas elle/lui qui a construit l’école. Donc, elle/il connaît tout très bien. Il est certain que cette
personne t’aidera à mieux comprendre le passé et l’avenir de ton école et de tes élèves. Ses anecdotes sont imprégnées de nostalgie et parfois tu as l’impression qu’elle/il regrette le temps qui passe.
Ses souvenirs et ses informations sont précieuses, implique-toi dans les discussions et fais-t’en un allié. Tu sauras tout sur tout le monde !
4. Le collègue engagé
Cette/ce collègue veut changer le monde. Elle/il se sent investi(e) d’une mission. Ce sera une association, un syndicat, une organisation, la formation, les élèves à besoins particuliers ou en situation de handicap… Il/elle s’enflamme dans les réunions et a tendance à voir les choses à travers le prisme de son dada. Il faut reconnaitre qu’il/elle est très compétent(e) mais un peu encombrant(e).
Profite de son savoir en cas de besoin !
5. L’ami
Cela arrivera que tu le veuilles ou non : un de tes collègues deviendra ton ami(e). A force de tout partager, d’être ensemble dans toutes les réunions, pendant toutes les formations, aux récrés, au portail le matin, à midi et le soir… l’un d’eux te tapera dans l’œil ! Et ensemble vous referez le monde de l’éducation nationale ! Parfait pour le moral.
6. L’ennemi
Aïe. Là c’est le contraire. Tu n’as aucun atome crochu. Soit ce sont de réelles oppositions soit ce sont des incompatibilités de caractère. Ou alors cela ne s’explique pas mais le constat est là : vous ne vous supportez pas ! Afin de maintenir la cohésion de l’équipe et un bon climat scolaire dans l’école, « ne vas pas directement au clash ». Cela laisse toujours des traces ! Comme chez les élèves, des clans se formeront avec tout leur corolaire de catastrophes : harcèlement, ostracisations, tensions, rivalités, coups bas…
Ne va pas prendre un verre le soir après la classe avec cette personne mais reste pro en réunion. Dis-toi que c’est temporaire !
7. Le formateur
Tu le rencontreras dans ton école sous le nom de PEMF (professeur des écoles maître formateur) ou MAT (maitre d’accueil temporaire). Ou il sera simplement ce collègue qui aime transmettre des valeurs et des connaissances à ceux qui débutent.
Profite de sa présence et demande-lui des conseils.
8. Le collègue aigri
Il existe dans presque toutes les écoles. Il ne faut pas le juger car à lui seul, il est le condensé de toutes nos frustrations. Ne te laisse pas emporter par sa face sombre et prends conscience qu’il est en souffrance et peut-être pour de bonnes raisons.
Tolère ses récriminations, écoute-le à l’occasion tout en relativisant. Et si tu es tendu(e) ou usé(e) par une journée de classe, évite-le ou alors râle un petit avec elle/lui pour évacuer ton stress !
9. Le psychologue
Il analyse tout : le chef, l’équipe, les élèves et leurs parents. Nous faisons tous cela à l’occasion mais lui, c’est permanent.
Ne dis pas tout de toi quand tu arrives dans une école même si tu tombes sur un collègue bavard qui te fera parler. Garde ton jardin secret tant que tu ne connais pas mieux les personnes.
10. Le vilain petit canard
Cette/ce collègue s’estime dévalorisé(e) et se sent à l’écart. Ce qui peut finir par être vrai si son côté négatif l’emporte sur le reste.
Souligne que ses idées sont intéressantes si elles le sont mais n’insistent pas si tu vois que le groupe reste morne. Laisse cette personne défendre ses idées à son tour.
11. Le tire-au-flanc
Passé le cap du ressenti, cette/ce collègue t’agace à juste titre. Elle/Il arrive souvent en retard mais a toujours une bonne excuse. Y compris quand c’est son tour de surveiller la cour de récréation. Elle/Il ne vient pas aux conseils d’école car elle/il a des enfants à garder et zappe pas mal de conseils de maîtres parce qu’il a des rendez-vous de parents. Elle/il serait bien venu aux conseils de cycle, mais manque de chance, elle/il a des rendez-vous médicaux.
Cette personne est au demeurant fort sympathique mais elle s’arrange pour en faire le moins possible. Discute gentiment avec elle/lui mais pour les choses sérieuses, appuie-toi sur les autres.
Fréquente des gens positifs, qui aiment leur travail et sont conscients de leurs responsabilités.
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